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Bahia
2006-2018
Bahia était (presque) une sainte pour nous. Elle est entrée dans notre famille quelques semaines après la disparition d’Uzi.
Joueuse, affectueuse, douce, communicative, elle savait aussi s’imposer. Un caractère incroyable. Dès le départ, j’ai pris en main son éducation. En effet, l’éleveur m’avait donné un seul grand – et excellent – conseil : « Un chien comme cela doit marcher à ton pied, car elle va devenir massive ! ». Le travail fut long (18 mois), mais fructueux. Bahia avait gagné ma confiance lorsque je sortais, et j’avais gagné la sienne aussi. La laisse n’était plus qu’un accessoire pour rassurer les gens dans la rue face à un molossoïde de 50 kg.
On dit que les grands chiens ont besoin de grands espaces. C’est vrai : un grand espace à côté de moi ou de la famille, et dans le coffre de la voiture aussi. Elle ne se décollait jamais de nous. Très placide, mais toujours volontaire pour faire une activité, surtout une grande balade ou nager.
Seulement voilà, les histoires ne sont belles que si l’on rencontre des obstacles. Mon épouse et moi avions quelques doutes sur sa démarche, ses articulations. Notre excellent vétérinaire, Patrick Chetcutti, décide de réaliser quelques radios : le diagnostic tombe alors : dysplasie fémorale stade E, le pire… elle n’avait que huit mois ! Le Dr Chetcutti, ayant vécu notre précédent malheur, a préféré m’avertir que, dans certains cas, l’espérance de vie ne dépassait pas les cinq ans. Il a alors commencé à chercher ce qu’il était possible de faire (à cette époque) sur les grands chiens ; mais surtout, il m’a donné le meilleur conseil qui soit : le mieux, c’est de la faire marcher, nager et marcher encore, pour qu’elle se muscle au maximum. Ainsi, si une opération était un jour envisageable, tous ses muscles seraient là pour compenser.
Jour après jour, pendant mes périodes de travail à la maison, un rituel s’est installé. Une bonne sortie d’1 à 2 heures (c’était bon pour nous deux), quotidienne, quel que soit le climat !
Nous avons partagé 12 années d’un bonheur incroyable (pas mal pour cinq ans d’espérance de vie dans son cas !). Nos deux enfants ont littéralement grandi avec elle, entre les 7 et 19 ans de notre fils, les 5 et 17 ans de notre fille. Elle était tout ce que je pouvais espérer de la relation avec un chien. Un exemple parmi tant d’autres : ma fille tomba malade lors de son adolescence ; Bahia avait alors changé ses habitudes, elle ne restait plus avec moi dans mon espace de travail, mais veillait entre ma fille et moi. Jamais trop loin. C’est un sens des chiens que, avec mes connaissances d’aujourd’hui, je m’explique, mais pour nous, à ce moment-là, c’était magique.
À la fin de sa vie, une année avant sa disparition, ses articulations la faisaient de plus en plus souffrir, bien sûr, malgré les soins, les balades quotidiennes, les anti-inflammatoires, les compléments alimentaires et la régulation de son poids. Et comme une providence, mon épouse entendit parler de Laëtitia du « Temps des Paluns », qui venait d’installer une activité d’hydrotraining.
L’hydrotraining peut autant être appliqué à des chiens sportifs pour une préparation physique (ex. : agility, cani-cross…) qu’à des chiens dans la situation de Bahia, et pire encore. Laëtitia fit des miracles, avec une qualité d’accueil, d’écoute et de conseils inestimable. Sans aucun doute, nous lui devons une année de vie supplémentaire que nous avons partagée avec Bahia.
Elle est partie non pas de sa dysplasie, que nous n’avons jamais fait opérer, mais d’un accident cérébral, un soir après une chaude journée… juste après une petite balade adaptée à son état… sa dernière, certes, mais ce qu’elle préférait faire avec sa famille. Elle occupait une grande place, mais pas seulement physique.